Il existe un lien entre l’existence d’un asthme et la présence de signes émotionnels selon une étude française publiée en 2013. Les signes émotionnels correspondent à un comportement, des attitudes ou des relations avec les autres qui vont de « normaux » à « anormaux ». Par exemple : timidité excessive, renferment sur soi ou, a contrario, agressivité, hyperactivité.
L’étude a porté sur 6 880 enfants (âge moyen : 10 ans) qui provenaient de 6 villes en France. Les enfants ont été classés en trois groupes selon des signes comportementaux dits « normaux », « à la limite de la normale » et « anormaux ». On a recherché chez ces enfants la présence ou non d’un asthme et son moment d’apparition.
Quinze pour cent d’entre eux avaient des symptômes émotionnels considérés comme « anormaux « et 10 % des signes « à la limite de la normale ».
Les résultats de cette étude montrent clairement qu’il y a davantage d’asthme (16,7 % dans le groupe des enfants à comportement dit « anormal », 16 % dans le groupe à comportement dit « à la limite de la normale » contre 11,1 % dans le groupe à comportement dit « normal »), et que l’asthme est d’apparition plus précoce dans les groupes d’enfants au comportement dit « anormal » ou « à la limite de la normale » que dans le groupe d’enfants au comportement dit « normal »(1).
Les liens entre psychologie et asthme
L’évidence d’une association entre stress ou d’autres problèmes psychologiques et la présence d’un asthme devient de plus en plus probable même si la relation de cause à effet est encore discutée(2-4). Ainsi, par exemple, une autre étude(4) également publiée en 2013, confirme la présence d’un lien entre asthme et troubles comportementaux mais essentiellement pour l’asthme non atopique (pour lequel il n’y a pas d’origine allergique). L’étude française(1), quant à elle, montrait à l’inverse un lien fort entre troubles comportementaux et asthme allergique.
Plusieurs hypothèses essaient d’expliquer une telle association. Ainsi, on peut envisager que stress et/ou difficultés dans la famille liées aux conditions de vie sociale, économique, personnelle font que la prise en charge d’un asthme existant soit de mauvaise qualité et que donc l’asthme s’exprime avec plus de fréquence et plus de sévérité.
Toutefois, plusieurs explications de mécanismes physiologiques sont également plausibles. Ainsi, il a été montré qu’un stress peut stimuler le système nerveux parasympathique qui en retour crée ou augmente la contraction des bronches, élément majeur de la crise d’asthme(5).
D’autres études physiologiques ont également montré que stress et/ou problèmes comportementaux peuvent stimuler le système nerveux central qui en retour agit sur le système immunitaire aboutissant à l’activation d’une inflammation de type allergique, augmentant ainsi le risque d’asthme(6).
Le stress et l’asthme : de l’embryon à l’adulte
Enfin, le stress peut agir sur l’activation de facteurs endocriniens aboutissant à la libération de catécholamines (exemple : l’adrénaline) ou à une résistance aux corticoïdes libérés dans l’organisme, tous facteurs facilitant l’apparition d’une inflammation de type allergique et/ou présente dans l’asthme(7).
Plus surprenant encore mais d’un intérêt majeur, comme d’ailleurs pour l’influence environnementale (pollution, tabagisme passif, infections…), le stress survenant chez la femme enceinte pourrait avoir aussi des répercussions sur la santé de l’enfant à naître, en particulier sur la possible survenue chez celui-ci d’un asthme bronchique(8). Les mécanismes de tels effets ne sont pas clairement connus mais, entre autres, le stress à travers des facteurs neuro-hormonaux a la capacité de modifier l’expression de gènes. Ces modifications peuvent survenir in utero pouvant donc favoriser l’apparition d’asthme et/ou d’allergies chez le futur bébé.
En conclusion, il apparaît certain qu’un stress peut aggraver ou déclencher des crises chez un sujet ayant de l’asthme.
L’évolution récente de nos connaissances suggère que le stress mais aussi les situations émotionnelles, associées d’ailleurs à des conditions environnementales défavorables (comme la pollution, par exemple) pourrait, de plus, être un facteur favorisant l’apparition ou l’expression d’un asthme en particulier chez l’enfant. En outre, ces facteurs pourraient intervenir très tôt dans la vie au niveau du fœtus.
Références :
- Annesi-Maesano I et al. Allergy 2013 ; DOI : 10.1111/all.12241.
- Sandberg S et al. Lancet 2000 ; 356 : 982-7.
- Tibosch MM et al. Patient Educ Couns 2011 ; 82 : 11-9.
- Kohlboeck G et al. Pediatr Allergy Immunol 2013 ; 24 : 230-6.
- Boyce WT et al. Br J Psychiatry 2001 ; 179 : 144-50.
- Trucha AF et al. Brain Behav Immun 2013 ; 29 : 11-27.
- Wright RJ. Biol Psychol 2010 ; 84 : 46-56.
- Wright RJ. Immunol Allergy Clin North Am 2011 ; 31 : 19-39.
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