Ce n’est pas pour rien si le terme couramment employé pour désigner la rhinite allergique est le « rhume des foins ». La logique et le bon sens populaire l’emportent une fois de plus. En effet, quand surviennent les écoulements du nez, les picotements des yeux, les démangeaisons du bord des paupières, tous ces signes parlent d’eux-mêmes : le printemps est arrivé, avec sa horde de pollens et les premiers symptômes d’allergies. Quand viennent s’ajouter à cela une inversion des températures et donc une météo favorisant les pics de pollution, c’est la totale…
Sommaire du Dossier :
- Qu’est-ce que le rhume des foins ou la rhinite allergique saisonnière ?
- Pourquoi réagit-on principalement au printemps ?
- Certains printemps posent davantage problème que d’autres
- À quoi est-on allergique ?
- Les allergies du printemps, il n’y a pas d’âge !
- Comment soulager les symptômes ?
- Peut-on guérir une fois pour toutes de ses allergies saisonnières ?
- L’impact du changement climatique et de la pollution sur les allergies saisonnières
- Que faire pour éviter les pollens ?
- Est-ce le moment pour faire son grand ménage de printemps ?
- Où se renseigner ?
Qu’est-ce que le rhume des foins ou la rhinite allergique saisonnière ?
Le rhume des foins est en fait l’expression d’une allergie se manifestant essentiellement au niveau du nez et très souvent des yeux pendant les périodes polliniques des arbres, des graminées et des herbacées. Relativement bénin, il ne doit cependant pas être négligé ni sous-estimé en raison des récidives annuelles, qui peuvent véritablement altérer la qualité de vie et engendrer des complications, notamment de l’asthme. L’allergie au pollen se traduit par l’inflammation d’abord localisée au niveau du nez, atteignant fréquemment les yeux. On parle ainsi de rhinite ou de rhino-conjonctivite. Cette inflammation peut s’étendre au pharynx, au larynx, aux bronches,etc.
Contrairement au rhume, il n’y a pas de fièvre, ni de symptômes associés, comme les courbatures. Les sécrétions sont claires et n’ont rien à voir avec les sécrétions épaisses du rhume viral. Par ailleurs, le rhume viral ne dure généralement pas plus d’une semaine, contrairement à l’allergie, qui peut faire sentir ses effets pendant plusieurs mois, selon la durée de la pollinisation ou sa cohabitation avec un pic de pollution.
Pourquoi réagit-on principalement au printemps ?
Le printemps correspond à une période de pollinisation importante. Les pollens sont les semences mâles des plantes, de petits grains de formes très différentes selon les espèces végétales. Leur dimension moyenne est d’environ 5/100 mm. Ils sont invisibles à l’œil nu. Ces grains contiennent de nombreuses protéines allergisantes.
Ils peuvent être transportés par les insectes ou dispersés par le vent. Le contact des protéines allergisantes des pollens, amenés par l’air ou le vent, avec les muqueuses respiratoires peut entraîner une réaction allergique. Selon les années, les quantités de pollens peuvent être très variables.
Si les allergies aux pollens de graminées de certains arbres (olivier, bouleau) surviennent au printemps, d’autres peuvent survenir à d’autres saisons comme, par exemple, l’allergie au pollen de cyprès qui survient dans les mois d’hiver. Certaines allergies aux pollens d’herbacées surviennent à la fin de l’été ou au début de l’automne. Certains printemps posent avantage problème que d’autres
Les conditions météorologiques sont un facteur déterminant. L’intensité des symptômes est fonction de la quantité de pollens libérés par les plantes. Pour une même quantité, les symptômes s’aggravent au fur et à mesure de la saison pollinique. Il faut savoir que chez les allergiques, les pollens sont à l’origine d’une réaction de défense.
C’est une réaction immunitaire (fabrication d’IgE, anticorps de l’allergie) entraînant une cascade de symptômes.
Un hiver doux accélère le développement des plantes et déclenche une pollinisation précoce. C’est ainsi que cette année, la pollinisation a été avancée de plusieurs semaines par rapport à la normale. En revanche, un hiver froid accompagné d’épisodes de gel retarde la croissance des végétaux et le début de la pollinisation. Dès que la température s’adoucit, la pollinisation redémarre et les pollens se sont alors dispersés en 2 semaines au lieu de 6, augmentant du coup le risque allergique par une concentration plus importante. Un bon ensoleillement, nécessaire à la plante pour se développer, surtout au stade du bourgeonnement, favorise le déclenchement précoce de la pollinisation et l’émission abondante de pollens jour après jour.
Le vent : en période de pollinisation, le vent joue un rôle déterminant dans le transport des grains de pollens et la quantité de grains présents dans l’air que nous respirons. Si le vent est faible (< 2 km/h), le dépôt du pollen au sol est presque immédiat et s’effectue à proximité de la plante. Un vent fort (> 43 km/h) peut emporter le pollen et le diluer dans l’atmosphère. En revanche, si le vent est modéré, il maintient les grains en suspension dans l’air et favorise leur concentration.
La pluie et l’humidité de l’air : la pluie est nécessaire à la plante pendant ses phases de croissance et de floraison, mais elle empêche la libération des pollens et, plus encore, leur dispersion par le vent. Le pollen alourdi par la pluie se sédimente à faible distance de sa source. Même chose lorsque l’air est très humide (brume, brouillard, présence de rosée matinale), le taux pollinique de l’atmosphère est faible et les personnes allergiques sont souvent soulagées (« printemps pluvieux = printemps heureux… » pour les allergiques).
Les situations orageuses : à l’approche d’un orage et à son passage, les vents brassent l’atmosphère et les pollens sont alors rabattus au sol par les averses.
À quoi est-on allergique ?
Il existe différentes variétés de pollens selon les saisons et les régions. On distingue trois grandes familles végétales à pollens allergisants : les arbres, les graminées, les herbacées ou herbes sauvages. Une personne allergique n’est pas systématiquement sensible à ces trois familles de pollens, ni même à tous les pollens d’une même famille. Les fleurs cultivées sont rarement allergisantes.
Les pollens ne sont pas tous allergisants
Pour provoquer une réaction allergique, il faut que le pollen d’arbre ou d’herbacée soit émis en grande quantité, qu’il soit de petite taille (les grains de pollen resteront d’autant plus longtemps dans l’atmosphère et pourront parcourir de plus grandes distances s’ils sont petits et légers ; pour cette raison, on trouvera les pollens allergisants aussi bien dans les villes qu’à la campagne) et qu’il ait un fort pouvoir allergisant. Pour cela, il faut que le pollen puisse libérer ses particules protéiques responsables de la sensibilisation. Pour provoquer des symptômes d’allergie, il est indispensable que les grains des pollens arrivent sur les muqueuses respiratoires. Seules les plantes « anémophiles » (arbres et herbacées) disséminent les grains de pollens par le vent, alors que les plantes « entomophiles » nécessitent l’intervention d’un insecte pour assurer leur fécondation en transférant le pollen de la fleur mâle d’origine à la fleur femelle réceptrice. C’est pour cette raison que les pollens de fleurs sont peu allergisants. Leurs pollens trop lourds pour être transportés par le vent ont besoin des insectes pour circuler. Ainsi, ils pénètrent peu dans les voies respiratoires.
Quels symptômes ?
Il y a trois signes presque toujours présents : le nez qui coule comme une fontaine, le nez bouché et les éternuements fréquents. D’autres manifestations peuvent s’ajouter : démangeaisons des yeux, du nez et de l’arrière-gorge, sensation de sable dans les yeux, larmoiements, odorat diminué, quintes de toux sèche. Les allergies saisonnières peuvent entraîner de la fatigue, des maux de tête et des troubles du sommeil.
Est-ce que ça peut s’aggraver ?
Il peut y avoir des complications comme de l’asthme, une sinusite inflammatoire ou certaines formes d’otites chez l’enfant. Chez les personnes asthmatiques, les périodes de pollinisation risquent d’aggraver l’asthme. Il faut parfois renforcer le traitement sans attendre.
Les allergies du printemps, il n’y a pas d’âge !
Le rhume des foins peut apparaître à n’importe quel âge. Une fois installée, la rhinite pollinique persiste si on ne la traite pas. Pour éviter que l’allergie saisonnière revienne chaque année à la même période, il faut identifier par un bilan allergologique quels sont les pollens responsables, afin de pouvoir mettre en route un traitement préventif.
Comment soulager les symptômes ?
Actuellement, on ne dispose d’aucun médicament permettant de « guérir » l’allergie. Seule la désensibilisation
(immunothérapie spécifique) permet de « traiter » les allergies en agissant sur leur mécanisme. Les remèdes
reposent tous sur le traitement des symptômes et sont nécessaires pour éviter les complications. Les antihistaminiques par voie orale et nasale sont largement utilisés (cetirzine, loratadine, ebastine, bilastine, etc.).
Les corticoïdes sont utiles et peuvent être utilisés sans risque par voie nasale. Dans certains cas, on peut les utiliser par voie générale pendant quelques jours. On peut recourir à des décongestionnants pour le nez en spray en cas d’obstruction nasale importante, mais il faut les utiliser sur une très courte période et les éviter chez les enfants. En cas de démangeaisons ou d’irritations des yeux, les collyres soulagent.
Peut-on guérir une fois pour toutes de ses allergies saisonnières ?
Avant toute chose, il faut être certain des allergènes en cause. Pour cela, les tests allergologiques sont indispensables. Ils sont faciles à faire, rapides, pratiquement indolores, et permettent d’identifier avec précision le ou les allergènes responsables. Grâce à un bilan allergologique, on peut bénéficier d’un avis personnalisé de la part du médecin, pour mettre en œuvre aussi bien des mesures préventives qu’un traitement pour calmer les symptômes.
Actuellement, seul le traitement par désensibilisation se révèle efficace pour permettre de traiter les allergies.
Par injections sous-cutanées, version classique de la désensibilisation, le principe consiste à injecter de manière régulière des doses croissantes de l’extrait de pollen auquel on est allergique.
La voie sublinguale, aujourd’hui beaucoup plus souvent utilisée que la voie injectable, consiste à déposer sous la langue des gouttes de l’extrait contenant le pollen auquel on est sensible. Les gouttes doivent être prises tous les jours. Cette méthode est moins contraignante et très bien tolérée.
Les comprimés de désensibilisation fonctionnent selon le même prince que les gouttes sublinguales, à raison d’un comprimé sous la langue tous les jours. Ils ne sont actuellement disponibles que pour les pollens de graminées.
Quelle que soit la technique utilisée, la désensibilisation dure généralement 3 à 5 ans.
L’impact du changement climatique et de la pollution sur les allergies saisonnières
Le changement climatique, qui entraîne une précocité plus fréquente et une augmentation de la durée des saisons polliniques printanières, est un élément environnemental à prendre en compte dans les allergies. La quantité de pollens dans l’air est accrue et, avec elle, le nombre des pathologies respiratoires.
Cette situation est exacerbée par la pollution environnante, car une plante qui y est exposée va réagir en produisant davantage de pollens : un peu comme si elle mettait toutes ses forces en jeu pour parvenir à assurer sa reproduction. En outre, les polluants atmosphériques potentialisent l’effet allergisant des pollens. Sans compter que l’inflammation des voies respiratoires, induite par les polluants, favorise l’intensité des manifestations cliniques.
Les polluants atmosphériques d’origine industrielle (dioxyde d’azote, dioxyde de soufre, ozone) modifient les pollens : la quantité d’allergènes présents dans un grain augmente et leur libération est facilitée par la détérioration de la paroi du grain. Du coup, les pollens pollués ont un potentiel allergisant beaucoup plus élevé.
Ainsi, dans les années 1900, un pied d’ambroisie produisait 5,5 g de pollen (teneur en CO2 : 290 ppm).
Aujourd’hui, il en produit 10 g (teneur en CO2 de 370 ppm). Si la quantité de CO2 dans l’atmosphère augmente dans les mêmes proportions, chaque plante pourrait produire 20 g de pollen d’ici 100 ans. Dès lors des personnes qui ne sont pas allergiques aux taux polliniques actuels pourraient l’être d’ici quelques années.
De manière générale, les personnes allergiques sont encore plus sensibles aux effets conjugués de la pollution atmosphérique et de la substance à laquelle elles sont allergiques. Cette pollution procède d’une forte concentration d’ozone, de dioxyde de soufre, d’azote et de particules. Par leur pouvoir irritant, les polluants altèrent la muqueuse respiratoire et facilitent l’agression des grains de pollens dans le nez et dans les bronches, ce qui fait naître une synergie d’action à l’origine d’une gêne respiratoire, de toux, de maux de gorge et de tête, d’une
irritation des yeux, d’un écoulement nasal, voire d’une crise d’asthme.
La pollution peut à la fois agir sur les pollens en modifiant leur structure biochimique extérieure et par là même, sur leur allergénicité (c’est-à-dire leur pouvoir allergisant) et sur les muqueuses respiratoires de l’homme en augmentant la sensibilité au pollen.
Ces dernières semaines, les alertes de Météo France ont été nombreuses. Le seuil d’information est déclenché à partir d’une concentration moyenne de particules prévue au-delà de 50 microgrammes par m3 sur 24 heures. Les passages pluvieux permettent aux pollens de retomber au sol, ce qui explique alors que les personnes allergiques se sentent mieux.
Que faire pour éviter les pollens ?
Bien que l’on ne puisse pas éviter complètement les pollens, il y a quelques mesures de bon sens qui peuvent aider comme, par exemple : se renseigner sur les conditions météo avant d’entreprendre une promenade à la campagne en pleine période de pollinisation, éviter de rouler toutes fenêtres ouvertes en voiture, éviter les sorties à la campagne au printemps si l’on se sait sujet aux allergies saisonnières, et penser à se laver les cheveux et à changer de vêtements au retour pour éviter de garder des pollens sur soi. Si possible ne pas tondre le gazon ou être présent au moment où le jardinier vient raccourcir la pelouse. De préférence aérer la maison en début ou en fin de journée, éviter d’ouvrir les fenêtres en milieu de journée quand les pollens sont les plus présents dans l’air.
Les journées très ensoleillées avec des températures élevées et un vent modéré, sans précipitations représentent la situation météo la plus favorable à la libération et à la dispersion des pollens. Il faut donc si possible éviter de sortir dans ces moments-là et prendre ses médicaments antiallergiques.
Est-ce le moment pour faire son grand ménage de printemps ?
Il est clair qu’il ne faut pas en rajouter ! Si l’on se sait allergique aux pollens, raison de plus pour avoir un intérieur sain : supprimez les moisissures en désinfectant les salles de bains, sanitaires et lieux humides à l’eau de Javel, changez les draps une fois par semaine pour lutter contre la prolifération des acariens dans la literie, lavez (ou faites laver) votre chat/chien, ainsi que leurs paniers et coussins.
Faut-il aérer ou, au contraire, éviter d’ouvrir les fenêtres ?
En période de pollinisation, si la météo annonce une élévation du pic de pollution, mieux vaut éviter d’aérer son logement. De même, évitez de faire sécher votre linge en plein air.
Où se renseigner ?
Le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) étudie le contenu de l’air en particules biologiques (pollens, moisissures) pouvant avoir une incidence sur le risque allergique pour la population. Des capteurs de pollens et de moisissures sont placés sur divers sites correspondant à des critères climatiques, botaniques et de densité de populations. Un centre de coordination reçoit les résultats des analyses et les informations cliniques associées, et peut ainsi émettre des bulletins allergo-polliniques comportant des informations polliniques, cliniques et sur le risque allergique lié.
Il publie chaque semaine des bilans régionaux et nationaux actualisés, avec des prévisions à plusieurs jours : bilan allergo-pollinique, bilan moisissures atmosphériques, bilan phénologique des plantes (phases de développements saisonniers) sous forme de cartes de floraison selon les régions.
- RNSA : www.pollens.fr
Airparif est une association agréée par le ministère de l’Environnement pour la surveillance de la qualité de l’air en région Ile-de-France. Les principales missions d’Airparif, outre la surveillance continue de la qualité de l’air (dont la prévision des épisodes de pollution), sont l’évaluation de l’impact des mesures de réduction des émissions de polluants et l’information des autorités, des citoyens et des médias.
Airparif fournit un bulletin quotidien sur la qualité de l’air mesurée et donne des bulletins de prévision ou d’alerte pour les principaux polluants : dioxyde d’azote, ozone, dioxyde de soufre, mais aussi pour les particules en suspension (particulièrement celles < 10 µm), le monoxyde de carbone et les composés organiques volatils.
- Airparif : www.airparif.asso.fr
Pour en savoir plus :
- Association Asthme & Allergies. Brochure : Rhume des foins ou rhinite allergique saisonnière.
- RNSA (Réseau national de surveillance aérobiologique).
- Champion L, Vervloet D. Tous allergiques ? pour en finir avec une maladie de civilisation. 2011, éd. Nouveaux débats publics.
Soutenez notre action
Nous menons également des actions de fond auprès des pouvoirs publics, des institutions européennes et des professionnels de santé afin d’améliorer la prise en charge de l’asthme et des allergies, et d’apporter un meilleur soutien aux malades. Diagnostic le plus précoce et le plus précis possible, accès aux soins facilité, meilleure intégration des enfants allergiques dans les cantines scolaires, développement de l’éducation thérapeutique, lutte contre les idées reçues… tels sont nos objectifs.
Pour que la voix des personnes asthmatiques et allergiques soit entendue par les autorités de santé, il est important que nous soyons nombreux à lutter pour notre cause.
En adhérant à l’Association Asthme & Allergies, vous montrez votre intérêt et votre attachement aux valeurs que nous défendons.