Malgré une médiatisation relativement importante au cours des dernières années, de nombreuses idées fausses circulent toujours au sujet de l’asthme. Il peut s’agir parfois de préjugés sans grandes conséquences, mais plus souvent ces croyances peuvent être tout à fait préjudiciables, car elles peuvent être à l’origine d’une mauvaise maîtrise de la maladie et entraîner des crises ou des gênes respiratoires. C’est la raison pour laquelle l’Association Asthme & Allergies a décidé de consacrer la Journée mondiale de l’asthme à cette thématique.
Voici une liste des idées reçues les plus fréquentes auxquelles il faut “tordre le cou”.
L’asthme, « c’est psychosomatique ! »
Une maladie chronique qui, lors d’une crise, donne le sentiment d’étouffer, voire de mourir, génère forcément une inquiétude. Cependant, si certaines situations stressantes peuvent déclencher une crise d’asthme, elles ne sont pas à l’origine de la maladie. Autrement dit, la maladie asthmatique peut avoir un impact psychologique mais n’est pas de nature psychosomatique, même si les personnes asthmatiques souffrent davantage que les autres d’anxiété et de dépression.
Aussi, la relaxation, la sophrologie, voire le qi gong (gymnastique chinoise qui utilise des exercices de respiration) sont autant de techniques qui permettent de gérer le stress, mais qui, en aucun cas, ne peuvent remplacer le traitement de fond de la maladie inflammatoire qu’est l’asthme.
L’asthme, « c’est une maladie infantile qui disparaît à la puberté ! »
Cette idée fausse repose certainement sur le fait que certains enfants, dont la famille a un terrain atopique, commencent par souffrir d’un eczéma ou d’une allergie alimentaire, qui font place à un asthme avant de n’avoir plus qu’une rhinite allergique après la puberté : c’est ce que l’on appelle la « marche allergique ». Et cela ne signifie pas pour autant que l’asthme ne puisse pas réapparaître ultérieurement.
Par ailleurs, les modifications hormonales que l’on observe au cours de la vie (puberté, grossesse, ménopause) peuvent modifier l’expression de l’asthme.
Il reste que l’asthme ne disparaît réellement à la puberté que dans seulement 5 % des cas.
Aussi, cette croyance peut être préjudiciable à l’enfant dans la mesure où elle peut ne pas motiver les parents à traiter leur enfant, persuadés que « ça va passer ». Or, si l’enfant n’est pas suffisamment traité et suivi, il risque de voir son asthme s’aggraver et être hospitalisé du fait des crises.
« L’asthme empêche du faire du sport »
Non seulement, c’est faux et, bien au contraire, le sport est indiqué !
En effet, la pratique d’une activité sportive renforce la capacité respiratoire et la musculature impliquée dans la respiration. D’ailleurs, de grands sportifs asthmatiques sont là pour en témoigner.
Bien entendu, avant de se lancer dans un sport, il est nécessaire de s’assurer que son asthme est bien contrôlé. Aucun sport n’est contre-indiqué, sauf peut-être la plongée sous-marine avec bouteilles. Dans ce dernier cas, l’avis d’un pneumologue est indispensable. Il reste à choisir son sport favori, sans oublier de s’échauffer et de s’hydrater avant et après l’effort.
Certains asthmes se déclenchent après un effort soutenu ou quelques minutes après le début d’un sport d’endurance. Il s’agit alors d’un « asthme d’effort » ou « asthme induit par l’exercice ». Dans ce cas, la prise d’un médicament bronchodilatateur prescrit par le médecin avant l’effort peut prévenir les crises.
« À force de prendre des bronchodilatateurs, ils ne sont plus efficaces »
Il n’y a pas d’accoutumance aux médicaments antiasthmatiques, quels qu’ils soient. Leur efficacité perdure, même lorsqu’ils sont pris régulièrement pendant plusieurs années. Si l’on a le sentiment qu’ils deviennent moins efficaces, c’est que la maladie s’est aggravée. Il faut alors consulter pour adapter le traitement.
Par ailleurs, qu’il s’agisse de bronchodilatateurs ou de corticoïdes inhalés, ils ne sont pas dangereux, même à long terme. Certes, on observe parfois quelques effets secondaires qui ne nécessitent pas, en règle générale, l’arrêt du traitement.
« Quand on a de l’asthme, faire des crises, c’est normal »
Non, ce n’est pas normal ! L’asthme est une maladie inflammatoire chronique des bronches qui entraîne des difficultés respiratoires et qui, en cas d’aggravation, s’exprime par des crises. Et ce n’est pas parce que la respiration est éventuellement normale entre les crises que la maladie se résume à celles-ci.
Autrement dit, les crises d’asthme ne représentent que la partie émergée de l’iceberg. Si l’asthme est bien contrôlé par un traitement adapté, les symptômes disparaissent ou sont très atténués, la respiration est normale et aucune crise ne devrait survenir.
En cas d’asthme persistant, pour éviter les crises, il faut agir sur l’inflammation par un traitement de fond tous les jours et ne pas se traiter au coup par coup au moment des crises.
« La cortisone, c’est dangereux ! »
La mauvaise réputation de la cortisone est due aux conséquences de ce traitement, dès lors qu’il est prolongé, utilisé par voie orale ou par voie injectable, à des doses qui sont sans comparaison avec celles employées dans les médicaments inhalés dans l’asthme. à titre d’exemple, les comprimés de cortisone sont dosés en milligrammes, les inhalateurs sont dosés en microgrammes, soit 1 000 fois moins !
Certaines personnes refusent d’utiliser leur traitement de fond par peur de la cortisone, mais font des crises plusieurs fois dans l’année. Pour venir à bout de ces crises, leur médecin est parfois obligé de leur prescrire un traitement à base de comprimés de cortisone pendant une période courte (généralement une huitaine de jours). Les doses de cortisone alors reçues sont beaucoup plus importantes que celles qu’ils auraient absorbées avec un traitement inhalé !
En d’autres termes, la « corticophobie » liée au traitement de fond dans l’asthme est injustifiée. Certes, les corticoïdes inhalés peuvent être à l’origine de quelques effets secondaires, le plus souvent locaux, évitables dès lors que l’on se rince la bouche après les prises.
Les corticoïdes inhalés sont les médicaments dont l’action anti-inflammatoire locale sur les bronches a transformé la vie des asthmatiques.
« Les médicaments contre l’asthme doivent être arrêtés pendant la grossesse »
En règle générale, il est conseillé aux femmes enceintes de prendre le moins possible de médicaments pendant la grossesse.
En cas d’asthme, ce n’est pas le cas. En effet, les médicaments antiasthmatiques n’ont pas d’effet indésirable sur le fœtus.
Par ailleurs, il est essentiel que le fœtus soit correctement oxygéné. Et si la mère ne respire pas correctement, ce sera d’autant plus dommageable pour son bébé.
De plus, si l’on observe parfois une aggravation de l’asthme au cours de la grossesse, c’est le plus souvent dû à une réduction ou une suppression du traitement par corticoïdes inhalés.
Vous souhaitez vérifier que votre traitement est compatible avec votre grossesse ? N’hésitez pas à consulter le site du Centre de référence sur les agents tératogènes (www.lecrat.org).
« Pour éviter les crises, il faut utiliser des produits naturels »
L’asthme est souvent de nature allergique. Or, les substances dites naturelles, le plus souvent d’origine végétale, sont souvent allergisantes.
En d’autres termes, pour ce qui est du traitement ou, du moins, la prévention des crises d’asthme, les produits « naturels » ou « bio » ne sont pas bénins, bien au contraire. Ainsi en est-il des huiles essentielles qui sont particulièrement irritantes pour les bronches.
Il ne faut pas compter sur certaines plantes dites dépolluantes pour assainir l’atmosphère de l’habitat, car elles sont peu efficaces et éventuellement allergisantes. Il en est de même des parfums d’air intérieur, des bougies désodorisantes, de l’encens ou du papier d’Arménie.
« Tous les médicaments se ressemblent ! »
Les systèmes d’inhalation des médicaments antiasthmatiques se ressemblent parfois. Ils ont pourtant des fonctions très différentes et il est important de les connaître.
- Les bronchodilatateurs inhalés, de courte ou de longue durée d’action, qui, comme leur nom l’indique, dilatent les bronchent ou empêchent leur contraction.
- Les corticoïdes inhalés, qui réduisent et préviennent l’inflammation des bronches.
À noter que certains médicaments inhalés comportent l’association bronchodilatateur de longue durée d’action et corticoïde dans un même système.
• Un autre médicament anti-inflammatoire est parfois associé: les antileucotriènes sous forme de comprimés, les antihistaminiques en cas de rhinite allergique associée.
• L’immunothérapie spécifique (immunothérapie allergénique ou désensibilisation) est utilisée dans certains cas, lorsque l’on a fait la preuve que l’asthme était dû à un allergène spécifique (pollen, acariens).
– Les anti-IgE sont prescrits dans un traitement par voie injectable utilisé dans certains cas d’asthme sévère,d’origine allergique, non contrôlé par les corticoïdes.
On comprend aisément qu’il est essentiel de connaître l’usage de chaque type de médicament, selon qu’il soit prescrit dans le traitement de fond de la maladie ou le traitement de la crise. Pour cela, participer à des ateliers dans les Écoles de l’asthme (https://asthme-allergies.org/) peut vous aider.
« L’asthme, ce n’est pas grave, on n’en meurt pas ! »
Certes, le plus souvent, on ne perçoit de l’asthme que les personnes qui, de temps en temps, inhalent un médicament. La banalité apparente ne rend pas compte de la réalité de la maladie.
En effet, un nombre de plus en plus important de patients asthmatiques sont hospitalisés à la suite d’une crise.
Par ailleurs, l’asthme est responsable de 7 millions de journées d’arrêts de travail par an et de plus de 1 000 décès par an !
Or, les traitements disponibles sont efficaces. Il ne faut donc pas sous-estimer l’impact de cette maladie et ne pas hésiter à consulter son médecin pour contrôler son asthme le mieux possible.
« Une crise d’asthme, ça ne dure pas ! »
Lorsque survient une crise d’asthme, il s’agit d’une urgence. Il faut la traiter le plus tôt possible car plus elle dure, plus il est difficile de la traiter.
Et si les crises se répètent, même si elles sont de faible intensité, elles peuvent entraîner une réduction des capacités respiratoires.
En cas de crise, au-delà de sa prise en charge immédiate, il est essentiel de faire un bilan respiratoire afin de mettre en place un traitement qui préviendra les crises, et évitera de faire appel aux urgences ou d’être hospitalisé.
« Quand on n’a pas de crise, c’est que la maladie a disparu »
L’asthme ne se résume pas à des crises, même si elles sont la partie la plus spectaculaire de la maladie.
L’asthme est une maladie inflammatoire chronique des bronches qui, selon le cas, peut être à l’origine d’une gêne respiratoire minime, jugée « acceptable », et à laquelle on s’adapte.
Ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas la traiter pour éviter, d’une part, que surviennent des crises, mais également pour pouvoir ne pas être gêné dans sa vie quotidienne. De plus, le maintien d’une inflammation chronique des bronches réduit avec le temps les capacités respiratoires.
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Nous menons également des actions de fond auprès des pouvoirs publics, des institutions européennes et des professionnels de santé afin d’améliorer la prise en charge de l’asthme et des allergies, et d’apporter un meilleur soutien aux malades. Diagnostic le plus précoce et le plus précis possible, accès aux soins facilité, meilleure intégration des enfants allergiques dans les cantines scolaires, développement de l’éducation thérapeutique, lutte contre les idées reçues… tels sont nos objectifs.
Pour que la voix des personnes asthmatiques et allergiques soit entendue par les autorités de santé, il est important que nous soyons nombreux à lutter pour notre cause.
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