Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une personne sur deux sera allergique dans quelques années. En effet, l’allergie est aujourd’hui au niveau mondial en 4e place dans le classement des maladies les plus fréquentes, derrière le cancer, les maladies cardiovasculaires et le sida. Doit-on parler d’« épidémie », de « mal du siècle », d’« évolution inéluctable de notre système immunitaire » ? Réchauffement climatique, pollution, mode de vie sont-ils les seuls responsables de l’explosion de cette maladie ? Peut-on aujourd’hui agir, à titre individuel ou collectif, pour inverser la tendance et empêcher le fléau de se répandre ? Il y a là un véritable enjeu.
L’allergie en quelques chiffres
L’allergie est un terme générique qui regroupe des manifestations différentes qui, au premier regard, semblent ne pas avoir de liens entre elles : asthme, rhinite allergique, dermatite atopique, eczéma, eczéma de contact, allergie alimentaire, allergie médicamenteuse, allergie aux venins d’hyménoptères (guêpes, abeilles, frelons). Ces manifestations sont en constante augmentation depuis les années 1970. De 2 à 3 % de la population en 1970, à 30 % en 2010, la proportion de personnes allergiques devrait atteindre 50 % en 2050.
Les statistiques sont assez précises pour ce qui concerne l’asthme car il est facile de mesurer le nombre de personnes recevant des traitements pour cette maladie. Selon les dernières enquêtes, il y a plus de 4 millions d’asthmatiques en France.
En ce qui concerne les autres manifestations allergiques, compte tenu des différents visages que revêt la maladie, les statistiques ne sont pas aussi précises.
Cependant, on sait que la dermatite atopique touche 15 à 30 % des nourrissons et des enfants et 2 à 10 % des adultes, et que 20 à 30 % de la population souffre de rhinite allergique. Les allergies alimentaires touchent 2 % des adultes et 5 % des enfants.
Pourquoi devient-on allergique ?
On devient allergique quand le système immunitaire réagit contre des molécules que nous respirons, que nous mangeons, qui sont en contact avec notre peau ou présentes dans notre environnement naturel. Ces molécules sont théoriquement sans danger et la normalité voudrait que l’on ne développe pas de réaction immunitaire vis-à-vis d’elles. Un individu allergique va se sensibiliser et créer des anticorps et des lymphocytes T spécifiques de ces molécules, qui deviennent alors des allergènes. C’est la phase de sensibilisation, qui peut durer plusieurs mois à plusieurs années.
Une fois la personne sensibilisée, l’exposition aux allergènes va déclencher chez elle certaines manifestations qui peuvent être une dermatite atopique, un asthme, une rhinite ou une conjonctivite. Ces maladies sont appelées maladies atopiques car elles surviennent sur un terrain génétique prédisposé, mais le rôle de notre mode de vie, dans l’augmentation de la fréquence de ces maladies, est primordial. Différentes hypothèses sont avancées pour expliquer l’augmentation des allergies.
L’hypothèse hygiéniste
Depuis les années 1990, de nombreuses études ont montré que le manque d’hygiène et les infections avaient un rôle protecteur vis-à-vis du développement des maladies allergiques.
Ainsi, il semble que les personnes qui ne subissent pas d’infections dans la petite enfance sont plus sensibles que les autres à l’asthme et à l’allergie. Il se peut en effet que la stimulation précoce du système immunitaire par certaines bactéries joue un rôle de prévention des maladies allergiques.
La pollution atmosphérique
À cause du trafic automobile, on constate en milieu urbain une augmentation importante des taux de CO2 (dioxyde de carbone), de NO (monoxyde d’azote), de NO2 (dioxyde d’azote), de SO2 (dioxyde de soufre), d’ozone et de composés organiques volatils.
La qualité de l’air dépend en grande partie du volume des émissions polluantes, mais aussi de la météo qui conditionne la dispersion des polluants ou, au contraire, leur accumulation. En cas de persistance de niveaux de pollution élevés et d’absence de vent, il peut se produire un pic de pollution comme nous en avons connu ces dernières semaines.
Tous ces polluants ont un effet négatif sur notre santé en général et notre santé respiratoire en particulier. Les études épidémiologiques ont montré que les symptômes bronchiques chez l’enfant asthmatique augmentent avec une exposition de longue durée au NO2. On associe également une diminution de la fonction pulmonaire aux concentrations actuellement mesurées (ou observées) dans les villes d’Europe et d’Amérique du Nord.
De plus, les particules polluantes peuvent se fixer sur les grains de pollens présents dans l’atmosphère. Plus lourds, les grains de pollens pénètrent plus profondément dans les voies respiratoires, sont davantage irritants, et leur capacité à provoquer une réaction allergique est augmentée.
La pollution à l’intérieur
Le premier polluant que l’on retrouve à l’intérieur des maisons est le tabac. Le tabagisme passif peut être à l’origine de l’apparition d’allergies chez l’enfant. Il peut aussi aggraver son asthme en ralentissant sa croissance pulmonaire. Il faut donc bannir complètement le tabac à l’intérieur des habitations, même dans la cuisine avec la fenêtre ouverte car la fumée de tabac passe sous les portes et circule dans le reste de la maison.
D’autres polluants sont présents à l’intérieur des habitats (formaldéhyde, COV, etc.), ainsi que de nombreux allergènes. Pour diminuer leur concentration, il est important d’aérer les pièces, tous les jours (si possible, 2 fois par jour, matin et soir, pendant au moins 15 minutes chaque fois).
Pour en savoir plus sur la manière de lutter contre les allergènes et les polluants de l’habitat, vous pouvez vous rendre sur www.allergiesairinterieur.org.
Le stress
Le mode de vie moderne génère beaucoup de stress. On sait aujourd’hui que le stress chronique peut déclencher ou aggraver les phénomènes allergiques: éternuements, respiration sifflante, démangeaisons…
Avec le temps, le stress peut provoquer des changements chimiques et perturber le système immunitaire. Cela peut rendre plus sensible encore aux allergènes qui déclenchent les réactions allergiques et rendre plus vulnérable à ce qui cause ces allergies. Dans ces cas, les symptômes peuvent s’intensifier et les réactions allergiques peuvent s’aggraver.
Alors… que faire ?
Chacun doit pouvoir apporter une contribution pour éviter l’apparition (quand c’est possible) ou l’aggravation des maladies allergiques.
Les personnes allergiques doivent être vigilantes, respecter les conseils d’éviction, accepter leur traitement et le prendre de façon régulière. Il est important aussi d’avoir un niveau d’exigence élevé. En effet, si aujourd’hui on ne peut pas totalement guérir de l’asthme ou de certaines allergies, il est possible, grâce à des traitements efficaces, de ne plus ressentir de symptômes et de ne pas subir une altération de sa qualité de vie. N’hésitez pas à discuter avec votre médecin pour être associé aux décisions qui concernent votre propre santé.
Nous attendons des médecins qu’ils réalisent des diagnostics précis et, de la part des médecins généralistes, qu’ils orientent leurs patients vers des allergologues ou des pneumologues pour éventuellement réaliser des examens complémentaires (tests d’allergie, explorations fonctionnelles respiratoires [EFR]).
Nous souhaiterions que les pouvoirs publics prennent davantage en compte ces maladies : l’asthme et les allergies ne sont pas des maladies banales. Elles sont responsables d’hospitalisations, d’arrêts de travail, de consultations en urgence et également de décès. Il faut :
– renforcer la prévention à travers de programmes nationaux ;
– augmenter le nombre d’allergologues en leur conférant le statut de spécialistes qu’ils sont de facto ;
– et utiliser les ressources que les associations comme la nôtre peuvent mettre à la disposition de la collectivité.
Soutenez notre action
Nous menons également des actions de fond auprès des pouvoirs publics, des institutions européennes et des professionnels de santé afin d’améliorer la prise en charge de l’asthme et des allergies, et d’apporter un meilleur soutien aux malades. Diagnostic le plus précoce et le plus précis possible, accès aux soins facilité, meilleure intégration des enfants allergiques dans les cantines scolaires, développement de l’éducation thérapeutique, lutte contre les idées reçues… tels sont nos objectifs.
Pour que la voix des personnes asthmatiques et allergiques soit entendue par les autorités de santé, il est important que nous soyons nombreux à lutter pour notre cause.
En adhérant à l’Association Asthme & Allergies, vous montrez votre intérêt et votre attachement aux valeurs que nous défendons.