En période de grossesse, un tiers des femmes voit leur asthme s'améliorer, un autre tiers voit leur asthme s'aggraver, tandis que pour le tiers restant, l’asthme ne se modifie pas particulièrement durant cette période(1).
Plusieurs causes peuvent expliquer une aggravation de l'asthme :
- il n'est pas rare pendant la grossesse, de souffrir de reflux gastro-œsophagien, surtout dans les derniers mois : des sécrétions acides de l'estomac remontent dans l'œsophage et la gorge. Ce reflux est favorisé par les bouleversements hormonaux de la grossesse et aussi par la pression que le bébé exerce sur l'estomac, favorisant la remontée acide ;
- la prise de poids (pendant la grossesse, mais aussi en cas d'obésité) contribue à favoriser l'asthme.
Un autre élément se trouve souvent à l'origine des aggravations : c'est le fait d'arrêter son traitement pour l'asthme de manière inadaptée, sans demander au médecin, en pensant bien faire parce que l'on est enceinte. C'est un quasi-réflexe chez de nombreuses futures mamans, et c'est une erreur grave. Il faut maintenir l'asthme stable tout au long de la grossesse, et la prise du traitement de fond est primordiale.
Il ne faut pas hésiter à mettre en relation le pneumologue et le médecin gynécologue ou obstétricien qui suit la grossesse. La survenue de crises d’asthme pendant la grossesse peut favoriser un retard de croissance et un petit poids de l’enfant à naître. C’est pour cette raison qu’il faut que l’asthme soit contrôlé au mieux pendant la grossesse. Si l'asthme est mal équilibré, un suivi mensuel par le médecin traitant ou le pneumologue est recommandé.
Quel traitement de l'asthme quand on est enceinte ?
Le principal but est de maintenir l'asthme stable tout au long de la grossesse. Pour cela, il est particulièrement important d’identifier et d’éliminer les facteurs déclenchants et d’aggravation de la maladie, tels que les allergènes, les irritants, les virus, le tabac, etc. (le tabagisme pendant la grossesse est associé à un risque accru d'allergie respiratoire chez le nouveau-né(2)). Il faut être attentive aux signes précurseurs de la crise d'asthme : nez qui coule, gorge qui gratte, toux, changement de la respiration…, et prendre conseil auprès d’un médecin dès leur apparition. Il jugera s'il faut renforcer le traitement.
Il faut tout faire pour éviter la crise d'asthme, qui est un « vrai » risque pour la mère et l'enfant à naître. L'efficacité des traitements est la même que la femme soit enceinte ou non.
La plupart des traitements de l'asthme peuvent continuer d'être utilisés au cours de la grossesse.
Les bronchodilatateurs, de longue ou de courte durée d’action, peuvent être utilisés sans risque.
Le traitement de fond ne doit pas être interrompu. Pour les femmes dont l'asthme est bien équilibré, il n'y a aucune raison de modifier le traitement, sauf en cas d’utilisation de théophylline qui n’est pas recommandée. L'utilisation des corticoïdes peut faire un peu peur, alors qu'à doses faibles (traitement inhalé) ou en cure courte de quelques jours, ils ne posent pas de problème ni pour la future maman, ni pour le bébé. Il est meilleur pour la femme enceinte asthmatique de traiter son asthme que de subir les symptômes et les exacerbations. Le risque lié à l'asthme est plus grand pour le fœtus que celui lié aux médicaments.
La désensibilisation ne doit pas être débutée pendant la grossesse, mais peut être poursuivie si elle est déjà en cours et équilibrée.
Si vous vous posez des questions sur les médicaments de l’asthme ou de l’allergie alors que vous êtes enceinte, vous pouvez consulter le site du Centre de référence sur les agents tératogènes (CRAT) : http://www.lecrat.org.
Quels conseils avant de décider une grossesse ?
Si l'asthme est bien équilibré, le médecin préconisera de poursuivre le traitement de fond inhalé sans rien changer la plupart du temps. Mais si le traitement habituel comporte des molécules, dont l’innocuité n’est pas certaine, il peut être amené à modifier le traitement adapté à la sévérité de l'asthme. Il faut offrir à la femme enceinte asthmatique le traitement optimal qui permet un contrôle de l'asthme assurant sa santé et sa qualité de vie, et le développement normal du fœtus.
Le risque d'aggravation de l'asthme au cours de la grossesse est assez logiquement lié à la sévérité et/ou au contrôle de l'asthme avant la grossesse : 50 % des asthmes sévères vont se dégrader contre 8 % des asthmes légers. Il est donc essentiel de veiller à bien équilibrer son asthme, avant même de débuter une grossesse(3).
Et au moment de l'accouchement ?
Les traitements de l'asthme pris au cours de la grossesse n'ont pas de conséquence sur l'accouchement. Chaque fois que cela est possible, il faut préférer une anesthésie loco-régionale (péridurale) à une anesthésie générale. Il faut savoir que la douleur peut provoquer un bronchospasme, et il ne faut donc pas se priver d'une péridurale, si celle-ci est possible.
Au moment de l'accouchement, l'obstétricien et l'anesthésiste doivent être prévenus du diagnostic d'asthme et du traitement suivi. Ils doivent être impliqués dans le traitement de l'asthme et son suivi pendant les visites au cours de la grossesse. Les symptômes d’asthme sont fréquents au moment de l’accouchement. Ils peuvent être traités par des bronchodilatateurs si besoin.
Peut-on allaiter tout en suivant un traitement contre l'asthme ?
Certains des traitements habituels de l'asthme passent dans le lait maternel et peuvent rentrer en contact, à doses très faibles, avec le nouveau-né, mais sans danger pour sa croissance. De plus, l'allaitement maternel pendant les 6 à 12 premiers mois de la vie est considéré comme un moyen de prévention de certaines allergies de l'enfant.
Références
1. Kircher S et al. Variables affecting asthma course during pregnancy. Ann Allergy Asthma Immunol 2002 ; 89 : 463-6
2. Newman RB et al. The effect of active and passive household cigarette smoke exposure on pregnant women with asthma. Chest 2010 ; 137 : 601-8.
3. Schatz M et al. Asthma morbidity during pregnancy can be predicted by severity classification. J Allergy Clin Immunol 2003 ; 112(2) : 283-8.
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