Les réactions allergiques généralisées sont des réactions sévères qui apparaissent dans les suites immédiates du contact avec l'allergène vis-à-vis duquel la personne allergique s'était préalablement sensibilisée. Elles ne surviennent donc jamais lors d'un premier contact. L'urgence regroupe l'ensemble des situations cliniques mettant en jeu la vie du patient et nécessitant des soins immédiats. Dans le cas des allergies, la situation d'urgence concerne 3 à 6 % des personnes allergiques.
Les principaux responsables des situations d'urgence dans les allergies sont les aliments, les médicaments et les piqûres d'insectes (guêpes, abeilles, frelons…).
Les réactions allergiques sont alors :
- l'œdème laryngé ou l’œdème de Quincke ;
- l'asthme aigu grave ;
- le choc anaphylactique.
Quels sont les signes ?
Les manifestations peuvent être des sensations de fourmillements, de picotements, puis des démangeaisons, et l'apparition de rougeurs sur la peau en forme de taches (érythème cutané maculeux) puis en relief (érythème cutané maculopapuleux), sur des zones du corps localisées ou généralisées à tout le corps. Ces manifestations peuvent être suivies par un gonflement de la bouche et des paupières. Il est parfois associé à des démangeaisons de la paume des mains et des pieds et, en cas extrême, de la langue et du larynx.
Qu'est-ce que l'œdème de Quincke ?
Il s'agit d'un gonflement rapide de la peau et des muqueuses. Il peut aboutir très rapidement à une obstruction des voies aériennes et à une suffocation. Le visage gonfle soudainement, notamment autour de la bouche, ainsi que la muqueuse buccale, la gorge et la langue. Un gonflement peut également survenir au niveau des mains. Il peut y avoir des démangeaisons (urticaire). L'œdème de Quincke peut être grave car il peut évoluer rapidement vers une obstruction des voies respiratoires et vers un état de choc anaphylactique. L'œdème laryngé se manifeste par une rapide difficulté respiratoire, avec une sensation d'étouffement, parfois une perte de connaissance, elle est le plus souvent associée à des signes cutanés : rougeurs, démangeaisons…
Qu'est-ce que la crise d'asthme aigu grave ?
Une réaction allergique peut être à l’origine d’une crise d’asthme aigu grave. Il s'agit d'une crise d'asthme d'intensité inhabituelle, plus forte, qui ne parvient pas à être soulagée par l'inhalation du bronchodilatateur. Il y a une sensation brutale d'asphyxie, avec des difficultés à parler, les extrémités des doigts deviennent bleues (cyanose), des sueurs apparaissent, une sensation d'angoisse et des troubles de la conscience peuvent survenir.
Qu'est-ce que le choc anaphylactique ? Comment le reconnaître ?
Le choc anaphylactique est une réaction allergique brutale et très dangereuse. C'est une urgence médicale absolue. Il faut donc apprendre à le reconnaître dès son amorce, pour le traiter avant qu'il ne mette la personne en danger.
La rapidité d'évolution et la gravité d'un choc varient très largement d'un individu à l'autre. Les indices d'un début de choc doivent être détectés rapidement car l'évolution peut être foudroyante : démangeaisons diffuses, sensations de picotements, goût métallique dans la bouche ; mais également urticaire généralisée, œdème de Quincke, sensation de chaleur, écoulement nasal, larmoiement, picotements de la gorge, toux, essoufflement, sifflements respiratoires, nausées, vomissements, diarrhée.
Le choc lui-même est caractérisé par un malaise intense : le sujet est très pâle et a des sueurs froides. En général, il n'y a pas de perte de connaissance, mais un arrêt circulatoire peut suivre rapidement. Certaines personnes ont une réaction, puis les symptômes disparaissent pour réapparaître 2 ou 3 heures plus tard. Ces réactions apparaissent entre quelques minutes et 2 heures après l'exposition à l'allergène en cause. Les substances qui sont le plus fréquemment à l'origine d'anaphylaxie sont : les aliments tels que l'arachide (cacahuète), les fruits à coques (noix, noix de cajou…), le lait, l'œuf, les poissons et les crustacés. Mais également les médicaments comme les pénicillines, l'aspirine, ainsi que le venin de piqûres d'insectes (abeilles, guêpes), ou encore le latex.
Comment agir, que faire ?
Il faut gérer l'urgence immédiate, mais aussi intervenir après, afin d'établir un bilan pour que la situation ne se reproduise pas. Car le risque de récidive est d'environ 80 % si le responsable n'est pas identifié et de 20 % seulement s'il a pu être identifié.
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Agir au plus vite
Il faut agir au plus vite pour faire face à la situation d'urgence dans laquelle la vie est en jeu. Si l'on est auprès de quelqu'un victime d'une allergie généralisée, il faut immédiatement appeler les urgences (112 ou 15) et donner les détails qui vont permettre au médecin d'évaluer la gravité. Le médecin régulateur des urgences doit à partir de ces éléments comprendre très rapidement la situation et déclencher l'arrivée des secours. Il faut donc être capable de préciser quelle est la situation de la personne en détresse : -
Comment est l'état du malade : parvient-il (elle) à parler, respire-t-il (elle), est-il (elle) conscient(e), cyanosé(e) (lèvres violacées), que s'est-il passé, comment, dans quelles circonstances, avec quelle rapidité ?
Dans l'attente des secours, il faut étendre le malade, supprimer les entraves vestimentaires et surélever les jambes.Une fois arrivé auprès du patient, le médecin va procéder à l'examen clinique qui inclut la mesure du pouls, la tension artérielle et le degré de gêne respiratoire. - Dans la mesure où le malade peut s'exprimer, il peut s'avérer utile de demander au malade s'il se sait allergique, s'il est identifié comme tel (détient-il une carte d'allergique ou d'asthmatique ?) et s’il a des traitements dans ses affaires personnelles ?
En fonction de ces paramètres, le traitement en urgence va consister en l'injection d'adrénaline par voie intramusculaire de préférence et/ou de corticoïdes injectables, d'antihistaminiques par voie sublinguale ou injectable et/ou de bronchodilatateurs par voie inhalée en cas d'asthme.
Prévoir l'après
La gestion de la situation d'urgence est bien sûr primordiale, mais il faut également anticiper l'avenir, pour faire en sorte qu'une telle situation ne se reproduise pas. Il est indispensable de procéder à une enquête allergologique, afin de pouvoir établir un bilan.
Pour cela, il est important de pouvoir répondre le plus précisément possible aux questions essentielles :
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Que s'est-il passé pour le malade juste avant la réaction allergique ?
Il est important d’évaluer quels pourraient être le ou les allergènes responsables : médicaments, aliments, insectes, pollens, poils d'animaux, parfums, essences, produits ménagers, de bricolage, allergènes professionnels (peintures, formaldéhydes, substances chimiques…) ;
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Dans les heures qui ont précédé, quelles ont été ses activités, ses contacts, les aliments et/ou les médicaments consommés ?
Si possible, récupérer les étiquettes des emballages des ingrédients utilisés comme des plats cuisinés ou des médicaments pris. Éventuellement, stocker au congélateur ce qui reste des aliments suspects, pour permettre de déceler les allergènes incriminés ;
- En cas de piqûre d'insectes, savoir quel insecte ? C’est une vraie enquête policière !
Une fois rétablie, la personne victime d'une réaction allergique généralisée doit consulter en centre spécialisé dans un délai de 4 à 6 semaines suivant la situation d'urgence. Elle devra apporter tous les éléments d'information permettant de comprendre ce qui s'est passé. Une fois le bilan allergologique établi, une carte d'allergique lui sera délivrée. Elle mentionnera les allergies, les conseils d'éviction et de prévention lui seront donnés.
Pour les enfants scolarisés ou fréquentant les collectivités (crèche, garderie), un Projet d'accueil individualisé (PAI) sera mis en place, précisant la conduite à tenir en cas de problème, et comportant la trousse d'urgence à avoir en permanence. Pour les adultes, une trousse d'urgence (à avoir en permanence sur soi) sera également prescrite.
Dans les allergies alimentaires et médicamenteuses, la prévention des récidives repose sur l'éviction du ou des aliments ou médicaments en cause et sur l'éviction de ceux présentant une allergénicité croisée. Dans les réactions graves aux venins d'hyménoptères, elle repose sur la désensibilisation.
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Nous menons également des actions de fond auprès des pouvoirs publics, des institutions européennes et des professionnels de santé afin d’améliorer la prise en charge de l’asthme et des allergies, et d’apporter un meilleur soutien aux malades. Diagnostic le plus précoce et le plus précis possible, accès aux soins facilité, meilleure intégration des enfants allergiques dans les cantines scolaires, développement de l’éducation thérapeutique, lutte contre les idées reçues… tels sont nos objectifs.
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