La pollution atmosphérique est, chaque année, la cause de la mort prématurée de 7 millions de personnes dans le monde, 600 000 en Europe et 40 000 en France, selon l’OMS. Les sources de pollution sont nombreuses, les polluants sont divers et leur impact sur la santé varie d’un polluant à l’autre. Découvrez tous les aspects de la pollution atmosphérique, ses impacts sur votre quotidien et sur votre santé à travers ce dossier.
Les polluants
Nous inspirons chaque jour environ 20 m3 d’air. Dès lors, on comprend que les gaz (90 % des polluants) et les particules (10 %) qui se trouvent dans l’air ambiant puissent être toxiques, particulièrement pour les voies respiratoires.
Notons qu’il existe de nombreux polluants naturels : particules minérales (embruns marins, corrosion des roches…), particules vivantes (bactéries, virus, moisissures), gaz (radon, dioxyde de carbone…), pollens.
Les particules
Leur taille varie de quelques nanomètres (un nanomètre = un millionième de millimètre) à presque 100 microns (un micron = un millième de millimètre). On distingue :
– les particules de diamètre < 10 microns (PM10) qui sont retenues au niveau du nez et des voies aériennes supérieures ;
– et les particules de diamètre < 2,5 microns, dites particules fines, qui pénètrent profondément dans l’appareil respiratoire jusqu’aux alvéoles.
Ces dernières sont composées surtout de sulfates, de nitrates, de carbone, de substances organiques et de minéraux. Elles sont générées avant tout par le chauffage au bois, l’industrie et les transports, et s’observent aussi bien en milieu urbain que rural.
De courtes expositions à ces particules fines sont à l’origine de toux, d’irritation et d’inflammation des bronches. Les enfants, les personnes âgées, les personnes souffrant d’asthme ou d’autres maladies respiratoires chroniques y sont plus particulièrement vulnérables.
De longues périodes d’exposition à ces particules réduisent les fonctions pulmonaires et augmentent les taux de mortalité par maladies cardiovasculaires et par cancers du poumon.
Les gaz
- Le dioxyde d’azote (NO2). Il s’agit d’un gaz dû principalement au trafic automobile et se concentre le long des voies de circulation. Il pénètre facilement dans les poumons et provoque de la toux, augmente l’hyperréactivité bronchique chez les asthmatiques et diminue leur résistance aux infections. La valeur limite actuelle est de 40 μg/m3. Celle-ci n’est pas respectée dans les grandes villes, particulièrement à l’intérieur des voitures où les taux peuvent atteindre des niveaux très élevés (de 100 à plus de 500 μg/m3).
- Le dioxyde soufre (SO2). Ce gaz, dont l’odeur est âcre et piquante, est contenu dans les produits de combustion du fuel et du charbon. Les principales sources de ce polluant sont les centrales thermiques, les centres de production de chauffage et les grosses installations de combustion de l’industrie, mais également le chauffage individuel ou collectif. La diminution de l’industrialisation, l’utilisation de l’énergie nucléaire, la diminution du taux de soufre dans le gasoil ont contribué à une réduction notable de ce polluant dans l’atmosphère.Les asthmatiques sont particulièrement sensibles au SO2 qui agit en synergie avec les particules.
- Les composés organiques volatils. Ils appartiennent à différentes familles chimiques (benzène, toluène, alcanes, aldéhydes…) qui s’évaporent rapidement aux températures ambiantes. Ils proviennent des gaz d’échappement des véhicules, de l’évaporation des carburants automobiles dans les garages et lesstations essences.
Leurs effets sur la santé sont variables selon les composés. Ils peuvent être simplement irritants, mais certains d’entre eux sont cancérogènes. - D’autres substances sont impliquées : le monoxyde de carbone, dont les concentrations maximales sont observées aux heures de pointe de la circulation automobile et à proximité des autoroutes et des grandes voies de circulation ; le méthane, principalement d’origine agricole, qui provient de la décomposition de matières organiques ; les métaux lourds (plomb, fer, aluminium, zinc, magnésium) qui sont issus des usines d’incinération de déchets et du trafic automobile, etc.
En Ile-de-France, le trafic routier est responsable :
– de plus de la moitié des émissions d’oxydes d’azote (NOx) régionales, dont 94 % proviennent des véhicules diesel ;
– de plus d’un quart des émissions directes de particules PM10 et PM2,5, dont 96 % des émissions à l’échappement proviennent des véhicules diesel ;
– de 14 % des hydrocarbures (composés organiques volatils, COVNM), dont 81 % proviennent des véhicules essence ;
– et de 32 % des émissions directes de GES de la région.
Compte tenu des progrès technologiques et de l’évolution de la réglementation (normes européennes, abaissement des seuils d’émissions de CO2 afin de lutter contre le changement climatique, etc.), les émissions polluantes du trafic routier ont tendance à diminuer. Ce n’est pourtant pas le cas pour le dioxyde d’azote. Selon les estimations d’Airparif, la part de dioxyde d’azote (NO2) dans les émissions d’oxydes d’azote (NOx) à proximité du trafic représentait moins de 10 % en 1998 et aurait plus que doublé en 12 ans (25 % en 2012).
Les véhicules particuliers. Un véhicule particulier “standard” (représentatif du parc roulant francilien pour l’année 2012), émet 0,57 g d’oxyde d’azote par kilomètre parcouru contre 1,03 g en 2000.
- Les véhicules diesel. Les émissions à l’échappement du trafic routier diesel contribuent à près de 16 % des émissions régionales de particules. Ce chiffre atteint 96 % des émissions à l’échappement pour ce polluant si on le rapporte à l’ensemble du trafic routier. Un véhicule particulier diesel standard émet à l’échappement environ 3 fois plus d’oxydes d’azote et 30 fois plus de particules par kilomètre parcouru qu’un véhicule particulier essence. Le diesel émet cependant environ 15 % de dioxyde de carbone en moins. Avec 76 % du total des kilomètres parcourus en Ile-de-France en automobile, les véhicules particuliers roulant au diesel contribuent pour 91 % des émissions de NOx et pour 99 % des émissions de particules de l’ensemble du parc roulant particulier.
- Les poids lourds. Ils ne représentent que 5 % du kilométrage parcouru en Ile-de-France, mais 31 % des émissions d’oxydes d’azote des transports routiers.
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• Les deux roues motorisés. Ils contribuent à hauteur de 48 % aux émissions du trafic routier, soit 7 % des émissions régionales de COVNM.
Source : Airparif
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Le diesel désigne un moteur qui utilise du gazole (ou gasoil), carburant constitué d’hydrocarbures plus lourds que l’essence. La principale source de ce polluant est constituée par les véhicules de type diesel qui émettent des particules, dont la composition est complexe car elle résulte d’un mélange variable de substances (carbone, nitrates, sulfates, oxydes d’azote, etc.).
Les effets sur la santé sont nombreux : atteinte cardiovasculaire, manifestations toxiques aiguës ou chroniques au niveau pulmonaire, augmentation du nombre de crises d’asthme et d’hospitalisations, etc.
Les victimes sont principalement des personnes âgées et des malades atteints de maladies cardio-respiratoires chroniques. Cependant, les enfants, les nourrissons en particulier, sont particulièrement sensibles à cette pollution. Enfin, le diesel serait à l’origine de cancers du poumon et de la vessie..
Pollution atmosphérique, asthme et rhinite allergique
De nombreuses études ont fortement suggéré que la pollution atmosphérique favorisait les rhinites allergiques chez les enfants. Cela semble être moins le cas chez les personnes plus âgées pour ce qui est de la pollution particulaire ou gazeuse. Il reste que la pollution biologique due au pollen reste une cause majeure de rhinite allergique, tous âges confondus, et ce, d’autant plus que le réchauffement climatique a pour conséquence une augmentation du nombre de pollens et leur allergénicité.
Pour ce qui est de l’asthme, presque toutes les études sont concordantes : la pollution atmosphérique, quelle que soit sa nature, est à l’origine d’exacerbations de l’asthme, particulièrement lors des pics de pollution d’origine automobile. Cela se traduit par une augmentation du recours aux soins d’urgence et à des hospitalisations : d’où une augmentation de l’absentéisme et un coût pour la société.
De plus, chez les personnes allergiques, la pollution particulaire et l’ozone potentialisent l’effet de certains allergènes, tels que les pollens, en suspension dans l’air.
Enfin, l’exposition maternelle à la pollution atmosphérique, avant et durant une grossesse, altère les défenses immunitaires de l’enfant à naître, entraînant une augmentation du risque d’allergies et d’asthme.
Comment se prémunir des effets de la pollution atmosphérique ?
Il est difficile de lutter contre la pollution atmosphérique à un niveau individuel. Cependant, quelques règles simples peuvent permettre de réduire la quantité de polluants respirée :
– ne pas faire de sport lors des pics de pollution : lors de l’effort, la ventilation augmente et donc la quantité de polluants inhalée également ;
– ne pas aérer son habitat aux heures de fort trafic automobile, surtout si l’on habite un étage bas, près d’une grande voie de circulation ;
– en ville, préférer un landau à grandes roues plutôt qu’une poussette-canne pour promener les nourrissons afin d’éviter de placer l’enfant au niveau des tuyaux d’échappement ;
– en voiture, contrairement aux idées reçues, fermer la ventilation lorsque l’on circule dans un tunnel ;
– en cas de forte pollution, il peut être utile de porter un masque dont on vérifiera qu’il filtre les particules et les gaz.
Le tabac : le premier des polluants
Qu’il s’agisse de tabagisme passif ou actif, il est celui qui agit le plus directement sur les voies respiratoires. Même s’il ne s’agit pas d’un polluant atmosphérique à proprement parler, il est celui auquel s’expose les fumeurs, à la maison ou dans la voiture !
Et les conséquences pour les personnes atteintes de maladie respiratoires chroniques, telles que l’asthme, comme pour les sujets sains ne sont plus à démontrer: bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), exacerbations de l’asthme, insuffisance respiratoire, maladies cardiovasculaires, cancers…
De plus, le tabagisme multiplie par deux le risque d’avoir un enfant asthmatique.
En d’autres termes, un fumeur cumule sa propre pollution avec celle de l’atmosphère.
Les mesures de la qualité de l’air
Atmo France (www.atmo-france.org)
Atmo France fédère le réseau des associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) réparties sur le territoire français, et emploie plus de 500 experts du domaine de la qualité de l’air et de l’atmosphère.
Atmo France poursuit un objectif d’intérêt général : doter la France d’un dispositif qui assure la surveillance de la qualité de l’air et l’évaluation des actions et des politiques publiques visant à l’améliorer.
PREV’AIR (www2.prevair.org)
Plateforme nationale de prévision de la qualité de l’air, PREV’AIR est l’une des composantes du dispositif français de surveillance et de gestion de la qualité de l’air, en complément des informations fournies par les AASQA.
Le système PREV’AIR, fruit d’un consortium intégrant l’Ineris (Institut national de l’environnement industriel et des risques), Météo France, le CNRS et le LCSQA (Laboratoire central de surveillance de la qualité de l’air), diffuse quotidiennement ses prévisions et des cartographies de la qualité de l’air à différentes échelles spatiales, et établit des prévisions des concentrations des principaux polluants (ozone, dioxide d’azote, particules PM10 et PM 2,5).
Airparif (www.airparif.asso.fr)
Association indépendante, agréée par le ministère de l’Environnement pour la surveillance de la qualité de l’air sur l’ensemble de l’Ile-de-France.
Airparif a pour rôle d’évaluer les risques sanitaires et les effets sur l’environnement de l’air en fonction de sa qualité, grâce à un dispositif de mesure et des outils de simulation informatique.
Par ailleurs, l’association a un rôle d’information en prévoyant et en diffusant chaque jour la qualité de l’air pour le jour-même et le lendemain, et en participant au dispositif opérationnel d’alerte en cas d’épisode de pollution atmosphérique.
Airparif évalue également, grâce à des outils de modélisation, l’efficacité conjointe des stratégies proposées pour lutter contre la pollution atmosphérique.
RNSA (Réseau national de surveillance aérobiologique) : www.pollens.fr
Ce réseau a pour objet principal l’étude du contenu de l’air en particules biologiques pouvant avoir une incidence sur le risque allergique pour la population, c’est-à-dire le risque dû aux pollens et aux moisissures.
Le RNSA regroupe des médecins, des analystes et un conseil scientifique composé de membres nommés par la Direction générale de la santé, l’Institut de veille sanitaire, le Conseil supérieur d’hygiène publique et des spécialistes en allergologie, en palynologie (étude des pollens) et en analyses biologiques.
Le RNSA dispose du recueil des données fournies par les capteurs sur différents sites à travers la France, des analyses polliniques et des informations cliniques associées. Toutes ces informations lui permettent de rédiger des bulletins allergo-polliniques.
Le RNSA offre la possibilité de recevoir chaque semaine par e-mail les prévisions du risque allergique des départements sélectionnés.
Par ailleurs, le réseau met à disposition du public une application “Alertes Pollens”, téléchargeable sur Apple Store ou Google Play, qui permet de consulter les niveaux d’alertes en fonction de la région et des pollens choisis.
Soutenez notre action
Nous menons également des actions de fond auprès des pouvoirs publics, des institutions européennes et des professionnels de santé afin d’améliorer la prise en charge de l’asthme et des allergies, et d’apporter un meilleur soutien aux malades. Diagnostic le plus précoce et le plus précis possible, accès aux soins facilité, meilleure intégration des enfants allergiques dans les cantines scolaires, développement de l’éducation thérapeutique, lutte contre les idées reçues… tels sont nos objectifs.
Pour que la voix des personnes asthmatiques et allergiques soit entendue par les autorités de santé, il est important que nous soyons nombreux à lutter pour notre cause.
En adhérant à l’Association Asthme & Allergies, vous montrez votre intérêt et votre attachement aux valeurs que nous défendons.